Les 10 et 24 avril 2022 auront lieu les élections présidentielles en France. Alors que l’Europe vit depuis plusieurs mois au rythme de la flambée des prix de l’énergie et que la guerre entre la Russie et l’Ukraine a éclaté le 24 février 2022, faisant craindre des répercussions sur l’approvisionnement en gaz, il nous paraît intéressant de nous pencher sur les programmes des candidats en matière d’énergie. Quelles sont les visions proposées par les candidats sur l’avenir énergétique français ? Quels moyens proposent-ils de mettre en œuvre pour y parvenir ? Comment se positionnent-ils par rapport aux énergies renouvelables et au nucléaire ?

OMNEGY a décrypté pour vous les programmes des principaux candidats en France.

La vision des candidats à la présidentielle en matière d’énergies renouvelables

La question des énergies renouvelables est évidemment incontournable lorsqu’on évoque l’avenir du secteur de l’énergie. Les candidats s’affrontent sur l’avenir qu’ils souhaitent donner à ce secteur, entre ceux qui le critiquent et ceux qui souhaitent au contraire le développer.

Les candidats critiques à l’égard de la filière du renouvelable en France

Ce sont les candidats d’extrême droite qui se veulent les plus critiques à l’égard des énergies renouvelables, et en particulier le secteur éolien qui se verrait clairement supprimer en cas de victoire aux élections de ces candidats.

Éric Zemmour (Reconquête !) affirme en effet dans son programme vouloir mettre un terme au développement des éoliennes, sur terre comme en mer. Dans ce sens, il veut supprimer toutes les aides de l’État liées à la construction de parcs éoliens et photovoltaïques pour les rediriger vers la géothermie, les réseaux de chaleur et les pompes à chaleur ayant pour but de remplacer le fioul ou les chaudières à gaz.

Il en va de même pour Marine Le Pen (Rassemblement National) qui entend mettre un terme aux projets d’éoliennes en cours et démanteler les installations existantes. Elle veut aussi supprimer les subventions liées au secteur.

À noter que le programme officiel de Valérie Pécresse (LR) ne mentionne pas explicitement les énergies renouvelables. Dans ses meetings, elle s’est montrée réservée quant au secteur éolien en affirmant lors de son déplacement à Saint-Vulbas (Aine) en janvier 2022, que le seuil de tolérance des populations locales était dépassé en matière d’éolienne sur certains territoires et que le développement des futures installations devait se faire avec leur accord..

Les candidats favorables au développement du secteur des énergies renouvelables

Tous les autres candidats entendent au contraire développer le secteur des énergies renouvelables.

Ainsi, Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) souhaite s’engager sur la voie de la sobriété et de l’efficacité énergétiques pour atteindre un objectif de 100% renouvelables. Il s’agira de diminuer la consommation primaire par trois d’ici 2050. Il se fixe l’ambition d’atteindre :

  • 18 500 éoliennes sur terre et 3 000 en mer d’ici 2050 ;
  • augmenter le photovoltaïque avec un objectif de 144 gigawatts (GW) installés sans toucher aux terres agricoles ou aux espaces sauvegardés ;
  • encourager les bioénergies (biomasse et biogaz).

Yannick Jadot (Europe Ecologie les Verts) adhère également au principe de la sobriété énergétique et estime que la production d’électricité 100% renouvelable est possible. Pour cela, il souhaite atteindre l’objectif de 60 TWh de production électrique à l’aide de 12 000 éoliennes en 2027. Il entend prendre en compte les paysages et la biodiversité lors de l’installation des éoliennes. 7 parcs d’éoliens en mer seraient également construits et 25 GW en photovoltaïque seraient installés d’ici 2027.

Yannick Jadot voudrait également étendre l’obligation de réaliser des dispositifs de production d’énergies renouvelables imposée aux bâtiments industriels, commerciaux et aux parkings existants.

Enfin, il veut soutenir la production de biométhane avec un objectif de 32 TWh en 2030 et tripler d’ici la fin du mandat la dotation du fonds chaleur géré par l’ADEME, ce qui permettra de rattraper le retard de la France en matière d’énergie renouvelable.

Anne Hidalgo (Parti Socialiste) entend également atteindre un objectif de 100% renouvelable « aussi vite que possible » sans toutefois donner aucune précision sur les moyens pour y parvenir.

Nous terminerons avec Emmanuel Macron qui souhaite développer fortement les énergies renouvelables en installant 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050, en multipliant par dix la puissance photovoltaïque d’ici 2050. Il veut également faciliter les démarches concernant la création de ce type d’installations. En revanche, il temporise s’agissant du développement de l’éolien terrestre, au vu des contestations des riverains qui se sont multipliées ces dernières années.

L’avis d’OMNEGY : on le voit, les candidats sont divisés sur la question des énergies renouvelables. La vision des candidats autour de cette question n’est pas sans rappeler le rapport de RTE sur l’avenir électrique français paru à l’automne 2021. Ce document dessinait plusieurs scénarios relatifs au futur énergétique français dont certains privilégiaient à 100% les énergies renouvelable quand d’autres prévoyaient un mix entre nucléaire et énergies renouvelables. Aucun de ces scénarios ne parvenait à se passer d’un développement massif de l’énergie éolienne.

Les idées des candidats à l’élection en matière de nucléaire

Le nucléaire divise les candidats à la présidentielle. Quand certains veulent miser fortement sur cette source d’énergie, d’autres veulent au contraire s’en passer à tout prix.

La volonté partagée d’accélérer la filière nucléaire

Lors de son déplacement à Belfort le 10 février 2022 évoqué précédemment, Emmanuel Macron a indiqué qu’il envisageait de prolonger les réacteurs nucléaires actuels au-delà des 50 ans initialement prévus. Il a précisé également qu’il souhaitait la construction de 6 EPR 2 d’ici 2050 et étudier la possibilité d’en construire 8 de plus. Enfin, il a affirmé qu’il n’y avait pas de nouveau projet de fermeture de centrales nucléaires.

Valérie Pécresse entend également renforcer le nucléaire pour relancer la politique énergétique de la France. Elle fait valoir qu’il s’agit d’une énergie décarbonée, compétitive et qui repose sur des technologies et des savoir-faire français.

Éric Zemmour partage lui aussi la position d’un développement du nucléaire en allant même plus loin puisqu’il souhaite supprimer l’objectif de réduction de 50% de la part du nucléaire dans le mix énergétique français d’ici 2035. Il souhaite aussi prolonger la durée de vie du parc nucléaire à 60 ans au moins et construire au moins 14 nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 d’ici 2050. Enfin, il a pour ambition de relancer la recherche dans le nucléaire du futur.

Enfin, le programme de Marine Le Pen fait également état de la relance du nucléaire, sans davantage de précisions sur le sujet.

Les opposants au nucléaire

Sans surprise, le candidat écologiste Yannick Jadot souhaite sortir du nucléaire. Il ne veut pas construire de nouvelles centrales nucléaires et entend fermer progressivement les réacteurs nucléaires actuels. Il ne veut pas procéder à la mise en service de l’EPR de Flamanville (prévue pour 2023 après un retard de plus de 10 ans). Il se fixe comme objectif l’arrêt de 10 réacteurs nucléaires minimum d’ici 2035. Les salariés concernés devraient se voir offrir un parcours de reconversion professionnelle.

Jean-Luc Mélenchon partage cet objectif de sortie du nucléaire puisqu’il souhaite mettre un terme aux projets d’EPR et rendre publiques les données sur l’enfouissement des déchets nucléaires depuis 60 ans. Sur ce même point, il ne veut pas prolonger l’activité des réacteurs nucléaires au-delà de 50 ans.

Anne Hidalgo ne souhaite pas non plus la construction de nouveaux EPR et considère le nucléaire comme une énergie de transition avant d’atteindre 100% d’énergies renouvelables.

L’avis d’OMNEGY : le camp de ceux qui souhaitent développer la filière du nucléaire se répartit en réalité en deux sous-catégories. Ceux comme Emmanuel Macron qui souhaitent renforcer le nucléaire, tout en accélérant le développement des énergies renouvelables et ceux comme Éric Zemmour qui veulent faire du nucléaire la source essentielle de production d’électricité, sans utiliser en complément les énergies renouvelables.

Le prix des énergies au cœur de la campagne

Dans le contexte de la flambée des prix de l’énergie depuis plusieurs mois, les candidats proposent des mesures visant à réduire l’impact des factures sur le portefeuille des ménages.

Un service minimum gratuit

L’idée d’un service minimum d’électricité gratuit apparaît dans plusieurs programmes. Pour appuyer cette thèse, les candidats concernés font état du caractère de première nécessité de l’électricité.

Jean-Luc Mélenchon propose ainsi de rendre gratuit l’accès « aux usages de première nécessité, sans condition de ressource ».

Yannick Jadot évoque également une tarification sociale de l’énergie qui permettrait de bénéficier des premiers kWh gratuitement mais cela semble plutôt s’adresser aux plus modestes. Le candidat écologiste entend accompagner cette mesure d’une augmentation de 400 euros du chèque énergie, dispositif ayant pour but d’aider les foyers à faire face à leurs dépenses énergétiques, sous condition de ressources.

L’avis d’OMNEGY : Seul le total des consommations est compté par le réseau, une différenciation du prix selon les usages paraît difficilement réalisable.

La fiscalité et la baisse des taxes énergétiques

Pour faire baisser la facture énergétique des Français, Valérie Pécresse entend diminuer la TVA de 20% à 5,5% sur les factures d’électricité.

Marine Le Pen partage cette idée en appliquant une TVA réduite à toutes les sources énergétiques : carburants, fioul, gaz et électricité. Par ailleurs, sur le volet plus global de la fiscalité, Anne Hidalgo entend agir sur les prix en créant une fiscalité écologique. À ce titre, un impôt de solidarité sur la Fortune Climat et Biodiversité serait créé.

Quant à Éric Zemmour, il envisage d’instaurer une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne.

Le blocage des prix de l’énergie

Certains candidats proposent de bloquer les prix pour freiner l’augmentation des factures d’énergie (électricité et gaz). C’est le cas par exemple de Jean-Luc Mélenchon qui souhaite revenir sur la libéralisation du marché de l’énergie.

Yannick Jadot souhaite également revenir aux tarifs réglementés de gaz naturel et d’électricité et nationaliser EDF.

Marine Le Pen entend sortir du marché européen de l’électricité pour faire baisser les prix.

L’avis d’OMNEGY : les tarifs réglementés tendent à disparaître sous la pression de l’Union européenne et la France pourra difficilement ne pas respecter ses engagements européens. Par ailleurs, si le prix de l’électricité est bloqué et donc plus indexé sur le marché de gros, les fournisseurs devront prendre à leur charge leur surcoût, ce qui paraît difficilement viable économiquement à moyen et long-terme. Qu’on soit pour ou contre, le marché traduit de facto une augmentation des coûts…

Les travaux d’isolation pour faire baisser la facture

Plusieurs candidats rappellent la nécessité d’améliorer l’isolation des logements pour diminuer les factures d’énergie. C’est le cas par exemple de Jean-Luc Mélenchon

Enfin, le programme d’Éric Zemmour fait aussi état de la nécessité d’investir dans l’isolation des bâtiments, tant industriels que résidentiels.

Vous l’aurez compris, les principaux candidats sont divisés quant à l’avenir de la France en matière énergétique. L’opposition principale s’articule autour de la place à donner aux énergies renouvelables et au nucléaire. L’objectif de neutralité carbone reste tout de même globalement pris en compte par la plupart des candidats.

Climat : synthèse des propositions des candidats à la présidentielle

Si le concept de crise climatique est largement apparu dans les médias ces dernières années, il n’occupe pas pour autant une place centrale dans les débats entre les candidats à l’élection présidentielle. En effet, entre la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, la question du climat peine à se faire entendre. C’est dans ce contexte qu’une grève mondiale pour le climat était prévue le 25 mars 2022, afin de remettre sur le devant de la scène les enjeux climatiques. Qu’en est-il des programmes des candidats à l’élection présidentielle ? On s’en doute, cette question est au cœur du projet du candidat écologiste Yannick Jadot (Europe Ecologie les Verts) alors qu’elle apparaît quasi absente chez d’autres candidats.

OMNEGY a décrypté pour vous les programmes des 8 principaux candidats afin de vous détailler leurs propositions en matière de climat.

Les principales mesures climatiques sectorielles

L’éclairage d’OMNEGY : le graphique ci-dessus nous donne plusieurs enseignements :

  • Peu de mesures sont prises dans le secteur industriel par rapport à l’importance de ce dernier dans les émissions nationales. Deux éléments l’expliquent, d’une part les émissions du secteur industriel sont peu compressibles car la plupart sont dues à des processus énergivores difficilement modifiables. D’autre part, il y a un réel enjeu de ne pas mettre à péril la compétitivité des industriels.
  • La disproportion entre la part des émissions énergétiques françaises et le nombre de propositions de réforme. En effet, le mix électrique français est très peu intense en carbone du fait du recours à l’énergie nucléaire. Pour autant, cette source d’énergie est sujette à controverse, ce qui explique cette importante prise en considération en dépit de la part relativement faible dans les émissions de GES françaises.

Afin d’y voir plus clair, vous trouverez ci-après une synthèse des propositions des candidats par secteur.

Accélération de la rénovation thermique des bâtiments

L’éclairage OMNEGY : les émissions liées aux bâtiments proviennent à environ 60% du secteur résidentiel et à 40% du secteur tertiaire (source : SNBC)

Les candidats sont tous favorables à la rénovation des bâtiments, afin de mettre un terme aux passoires thermiques qui font flamber la facture énergétique des Français. Cette question est d’autant plus d’actualité dans le contexte actuel d’augmentation des prix de l’électricité et du gaz. Les moyens pour financer ces travaux diffèrent toutefois d’un candidat à l’autre.

Tous font des propositions de financement à l’exception d’Eric Zemmour (Reconquête !).

À gauche, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel (Parti Communiste) et Yannick Jadot comptent sur l’investissement public pour parvenir à réaliser la rénovation des bâtiments.

Fabien Roussel va même jusqu’à prévoir l’obligation de rénovation thermique des logements d’ici 2040, avec une prise en charge totale du coût des travaux pour les ménages modestes.

Anne Hidalgo propose de mettre en place un mécanisme de tiers-financement afin de rénover les bâtiments, idée également présente dans le programme de Yannick Jadot.

En outre, on retrouve dans le programme d’Anne Hidalgo l’idée d’encadrer les loyers en fonction de la performance énergétique du logement, ceci afin d’encourager les bailleurs à entreprendre des travaux de rénovation dans les biens loués. Pour Jean-Luc Mélenchon, la rénovation énergétique des biens loués passera par l’octroi d’un prêt à taux zéro au bénéfice des propriétaires.

À droite, Valérie Pécresse entend instaurer des aides via les Régions pour effectuer ces travaux et vise un objectif de 50 % des bâtiments publics rénovés d’ici 2030.

Enfin, de son côté, Marine Le Pen (Rassemblement National) évoque une prime pour le remplacement des chaudières fonctionnant au fioul par une pompe à chaleur électrique. À noter que cette proposition va dans le sens du bonus de 1 000 euros supplémentaires qui sera accordé à partir d’avril 2022 pour le remplacement d’une chaudière au fioul ou au gaz pour une pompe à chaleur ou une chaudière biomasse.

Quant à Emmanuel Macron (La République En Marche), il ne propose pas de nouvelles mesures mais rappelle ce qui a été fait pendant son quinquennat à savoir le développement du système MaPrimeRénov’ pour aider à la rénovation des bâtiments.

Décarboner les transports

La question de l’usage de la voiture est centrale car celles ayant un moteur thermique sont principalement responsables des émissions de GES. Pour autant, il est très difficile de s’en passer dans les zones à faible densité, comme par exemple les milieux ruraux. Les candidats proposent ainsi diverses mesures pour réduire davantage les émissions de CO2 liées aux déplacements en prenant en compte cette contrainte majeure.

L’éclairage d’OMNEGY : Les émissions liées aux transports sont principalement dues au transport routier (plus de 95%). L’aviation représente environ 2% des émissions, puis les secteurs maritimes et ferroviaires sont responsables des émissions restantes, sur des proportions inférieures à 1% (source : SNBC).

  • Les déplacements en voiture

Yannick Jadot souhaite interdire la vente de véhicules neufs fonctionnant au diesel, à l’essence ou même hybride à partir de 2030, tout comme Valérie Pécresse, à des dates différentes (2035 pour les véhicules thermiques et 2040 pour les véhicules hybrides)

Marine Le Pen souhaite renationaliser les autoroutes afin de faire baisser le prix des péages de l’ordre de 15 %.

Eric Zemmour veut supprimer les zones à faibles émissions et rehausser la limitation de vitesse à 90 km/h sur les routes nationales.

Côté électrique, Anne Hidalgo est favorable à un meilleur accès aux véhicules électriques, avec l’instauration d’un système de « leasing social ». Emmanuel Macron va dans le même sens en promettant la fabrication de millions de véhicules électriques et hybrides en France et le développement d’une offre accessible pour tous.

Eric Zemmour souhaite aussi rendre les transports moins polluants en développant l’utilisation de l’électricité, l’hydrogène, les carburants de synthèse ou encore les biocarburants.

  • Le vélo

Valérie Pécresse propose de rehausser à hauteur de 500 euros la prime liée à l’achat d’un vélo à assistance électrique. Elle souhaite également prévoir des aides pour l’achat d’un véhicule électrique et développer l’installation de bornes sur le territoire. En zone rurale, la candidate LR envisage de développer les transports en car ainsi que le covoiturage.

Yannick Jadot entend développer les mobilités douces (vélo), tout comme Jean-Luc Mélenchon.

On retrouve la même idée chez Fabien Roussel qui veut augmenter les modes de transports peu polluants tels que le vélo ou les transports en commun.

  • Les déplacements en avion

Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon proposent que les liaisons aériennes soient interdites lorsque le trajet est réalisable en moins de 4 heures par le train, reprenant ainsi une proposition de la convention citoyenne pour le climat.

Quant à Valérie Pécresse, elle souhaite développer le biocarburant dans le secteur aérien ainsi que les projets électriques et hydrogènes. Eric Zemmour souhaite également faire construire le premier avion entièrement bio-kérosène d’ici 2030.

  • Le train

Le train est évoqué dans presque tous les programmes des candidats.

Anne Hidalgo entend développer les liaisons ferroviaires, tout comme Valérie Pécresse qui veut créer de nouvelles lignes TGV et moderniser le réseau ferré. On retrouve également le développement du train dans les programmes de Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel, ce dernier souhaitant renationaliser la SNCF.

Eric Zemmour veut également redynamiser les petites lignes ferroviaires.

Le programme d’Emmanuel Macron ne prévoit pas de nouvelles mesures en faveur du réseau ferré. Il indique simplement ce qui a déjà été fait pendant le quinquennat actuel (développement des trains de nuit par exemple).

Fabien Roussel souhaite que les transports en commun soient gratuits en ville. Dans le même sens, Marine Le Pen veut accorder la gratuité des transports en commun pendant les heures creuses aux 18-25 ans.

Mettre en place l’agriculture de demain

L’éclairage OMNEGY : L’élevage est la source principale des émissions de GES de l’agriculture, auxquelles il contribue à hauteur de plus de 40%. Les activités de culture représentent également une part significative des ces émissions (plus de 30%), le reste des émissions étant alloué à l’usage du capital nécessaire lors des activités agricoles (engins, chaudières, etc.)

L’alimentation biologique semble emporter un large consensus parmi les candidats.

Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel défendent le projet d’une restauration collective biologique et locale, avec moins de viande. Ils souhaitent également tendre vers la fin de l’élevage industriel.

L’alimentation biologique est également défendue dans le programme d’Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse, tout comme on retrouve aussi l’idée de la nourriture bio et locale dans les programmes d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen.

Jean-Luc Mélenchon va plus loin en fixant comme objectif la transition vers une agriculture entièrement biologique, de façon obligatoire, d’ici 2050.

Du point de vue des agriculteurs, tous les candidats semblent favorables à prévoir des mesures en leur faveur.

Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon souhaitent instaurer des mesures de soutien à l’égard de ceux qui s’investissent dans l’élevage durable. Yannick Jadot veut aussi aider les agriculteurs à s’installer et à transmettre leur exploitation tout en leur garantissant un revenu minimum.

Valérie Pécresse souhaite aider les agriculteurs et leur permettre de transmettre leur exploitation plus facilement.

Pour Éric Zemmour, le secteur agricole doit être protégé contre la concurrence étrangère et doit être mieux rémunéré. Il propose également de développer la robotique agricole.

Marine Le Pen défend l’idée d’une meilleure rémunération des agriculteurs en critiquant les marges élevées de la grande distribution.

Emmanuel Macron envisage l’agriculture de demain par le biais de la robotique et du numérique en provoquant une véritable « révolution agricole ». Il propose également de diminuer la pression fiscale sur les exploitations agricoles.

Par ailleurs, Valérie Pécresse et Emmanuel Macron misent sur la poursuite du développement du système de crédit carbone en faveur des agriculteurs qui pourraient ainsi valoriser leurs actions en faveur de l’environnement.

Agir sur le secteur de l’industrie

Les candidats sont tous favorables à une relocalisation de l’industrie, même si cette idée n’est pas motivée par des considérations environnementales pour tous.

L’éclairage OMNEGY : Les principaux secteurs émissifs sont à proportions équivalentes la chimie, la métallurgie et la production de minéraux, qui représentent à eux trois plus de 80% des émissions. L’agro-alimentaire et la construction représentent à eux deux près de 10% des émissions, puis l’industrie papetière ; l’industrie du transport et les autres secteurs représentent les émissions résiduelles.

Ainsi, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon se prononcent en faveur d’une relocalisation de l’industrie ainsi que sa décarbonation. Emmanuel Macron souhaite également réindustrialiser la France en développant l’innovation ainsi que les filières françaises.

On retrouve l’idée de réindustrialisation de la France chez Eric Zemmour, sans que cette idée soit en lien avec des intérêts climatiques.

Pour Yannick Jadot et Anne Hidalgo, les aides publiques à l’égard du secteur seront soumises à des critères sociaux et environnementaux.

Fabien Roussel veut défendre l’innovation dans les secteurs du BTP, de la métallurgie et la chimie.

Marine Le Pen défend quant à elle l’idée de produire davantage en France en favorisant le développement des TPE-PME sur le territoire.

De son côté, Yannick Jadot entend investir dans la transition énergétique du secteur industriel, sous réserve de mettre en place un système de bonus-malus climatique pesant sur les professionnels.

Pour protéger l’industrie française, plusieurs candidats sont favorables à l’instauration d’une taxe carbone, comme Valérie Pécresse par exemple.

Contribuer à prendre des mesures sur la scène internationale pour préserver le climat

Yannick Jadot veut instaurer une taxe kérosène, tout comme Jean-Luc Mélenchon et interdire les vols européens lorsque le trajet peut être réalisé en train en moins de 6 heures. Il souhaite également parvenir à une sortie des pesticides d’ici 2030 au niveau européen.

Fabien Roussel veut taxer les produits importés qui ne respectent pas nos normes environnementales. Il propose également l’idée d’un traité mondial de protection des océans.

Il souhaite une coopération entre les États signataires de l’Accord de Paris qui accepteraient de prendre des engagements climatiques contraignants sur leur territoire.

De son côté, Anne Hidalgo entend organiser un sommet en 2025, dix ans après l’Accord de Paris, afin de prendre des engagements plus stricts que ceux pris lors de la dernière COP26.

Elle souhaite également créer le crime d’écocide, tout comme Jean-Luc Mélenchon et permettre au tribunal pénal international de juger les atteintes à l’environnement.

Jean-Luc Mélenchon prévoit la création d’un tribunal international de justice climatique et environnementale et la définition de la biodiversité comme bien public mondial, afin d’assurer sa protection.

À l’inverse de la plupart des autres candidats, Marine Le Pen veut assouplir les règles européennes en matière de produits sanitaires afin d’améliorer le rendement agricole. On retrouve cette même idée dans le programme de Valérie Pécresse.

La question épineuse du financement de la transition énergétique

Inciter les investissements privés en faveur du climat

La question de la transition énergétique passe par celle cruciale de son financement. Un des moyens d’y répondre est d’encourager les financements privés en faveur de projets liés au climat.

Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), Anne Hidalgo (Parti Socialiste) et Yannick Jadot souhaitent ainsi mettre en œuvre des réformes fiscales pour inciter non seulement les entreprises mais également les citoyens à orienter leurs investissements en faveur du climat.

Valérie Pécresse (Les Républicains) entend également flécher les investissements privés en faveur du climat en créant notamment un « livret vert » qui sera la fusion du livret développement durable et du livret A.

L’éclairage d’OMNEGY :

Le secteur de la finance, et notamment le secteur bancaire sont cruciaux pour l’atteinte des objectifs climatiques. En effet, les projets d’exploration et de production d’hydrocarbures fossiles portés par les grands groupes pétroliers sont intensifs en capitaux. Pour que ces projets voient le jour, la participation des institutions financières est donc nécessaire. Entre 2016 et 2020, les banques ont financé à hauteur de 3,805 trilliards de dollars les projets d’énergies fossiles. Par ailleurs, ce montant a été constamment en hausse jusqu’en 2020. (source : Banking on Climate Chaos, Fossil fuel finance report, 2021, Reclaim Finance et al.)

La création d‘un livret vert serait en ce sens utile à condition que celui-ci permette de garantir que l’épargne s’y trouvant est effectivement fléchée vers des projets vertueux pour le climat. Si le fonctionnement du livret vert proposé reste similaire à celui de l’actuel livret de développement durable (LDD) – c’est-à-dire un investissement sur une base de volontariat – son efficacité risque d’être limitée en termes d’impacts. En prenant l’hypothèse de 1% des sommes du LDD investies à destination de projets en faveur du développement durable, les sommes allouées s’élèveraient à environ 2.8 milliards d’euros. Ceci représente 0,4% des investissements en faveur des investissements mondiaux à destination des énergies fossiles.

Adapter la fiscalité aux enjeux climatiques

Côté fiscalité, Anne Hidalgo reprend la proposition de Greenpeace France de créer un Impôt sur la fortune (ISF) climatique et biodiversité, idée également intégrée dans les programmes de Yannick Jadot et de Jean-Luc Mélenchon. Elle permettrait notamment de taxer l’empreinte carbone des investissements des plus riches, pour financer la transition énergétique du pays.

Anne Hidalgo entend aussi mettre en place la règle d’or climatique qui suppose que toute dépense publique sera étudiée en fonction de son impact sur le climat.

Jean-Luc Mélenchon prévoit de son côté un investissement de 200 milliards d’euros en faveur de l’écologie et du social.

Enfin, Valérie Pécresse veut développer les incitations financières en faveur de l’écologie plutôt que développer des sanctions dans ce domaine.

L’éclairage d’OMNEGY :

Actuellement, la consommation de produits carbonés est taxée en France par le biais de trois Taxes Intérieures de Consommation (TIC) : sur l’électricité (TICFE), sur le gaz Naturel (TICGN), sur les produits énergétiques (TICPE)

Les recettes générées par ces trois accises étaient allouées au financement de la transition énergétique avant 2016. Depuis lors, ces recettes sont désormais fléchées vers le budget de fonctionnement de l’Etat, lui rapportant ainsi un financement de près de 38 milliards d’euros en 2020. Ces 38 milliards représentent ainsi potentiellement un manque à gagner pour la transition énergétique, d’autant plus qu’en parallèle, le financement des énergies fossiles se poursuit et représente plus de 9 millions d’euros en 2020.

Ces trois taxes sont payées par tous les consommateurs indépendamment de leurs niveaux de revenus. Seules les entreprises énergie-intensives peuvent bénéficier de taux réduits. Ainsi, une mesure d’imposition sur la fortune indexée sur l’empreinte carbone des ménages les plus aisés permettrait de déplacer le coût du financement de la transition énergétique sur les ménages les plus aisés.

(Source graph : I4CE, écologie.gouv)

Augmenter la contribution de l’État pour le climat

Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo proposent tous les trois d’augmenter l’investissement public en faveur du climat, respectivement à hauteur de 25 milliards d’euros, 45 milliards d’euros et 14 milliards d’euros.

Par ailleurs, on retrouve dans les programmes de ces trois candidats l’idée d’une planification pluriannuelle autour des projets climatiques.

Anne Hidalgo souhaite également nommer un ministre du Climat, de la Biodiversité et de l’Économie.

À l’opposé, Valérie Pécresse ne prévoit pas de hausse de l’investissement public dans ce secteur.

L’avis d’OMNEGY : En résumé, la question du financement de la transition énergétique ne tient pas tant de la capacité à mobiliser des fonds, car cette fonction est en partie remplie par le marché du carbone. Elle tient plutôt au fléchage de sommes mobilisées vers des projets bénéfiques pour la transition énergétique et à l’arrêt du financement des projets promouvant les énergies fossiles. Ainsi, la question n’est pas sur la disponibilité des fonds, mais sur l’orientation de ces derniers.

Bien que le thème du climat ne soit pas au centre des débats, il est bien présent dans la quasi-totalité des programmes des candidats. Reste à attendre les suites données à ces différentes propositions par le/la futur(e) locataire de l’Élysée. Affaire à suivre !

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