L’année 2026 marquera un tournant majeur pour les entreprises françaises et européennes, avec l’entrée en vigueur de plusieurs dispositifs déjà adoptés, touchant à la fois le prix de l’électricité, la fiscalité, l’efficacité énergétique, le carbone, et les obligations réglementaires nationales et européennes. Voici les évolutions certaines à intégrer dès maintenant dans les stratégies d’achat, les budgets et les trajectoires énergétiques.

1. Fin de l’ARENH et bascule vers le nouveau cadre de marché de l’électricité

Au 31 décembre 2025, l’ARENH disparaît définitivement. À compter du 1ᵉʳ janvier 2026, l’électricité d’origine nucléaire d’EDF n’est plus vendue via un guichet régulé mais repose entièrement sur les marchés, adossée au mécanisme de Versement nucléaire universel (VNU). Les modalités d’application du VNU sont fixées et ne dépendent plus d’arbitrages politiques : la redistribution ne s’activera qu’en cas de prix de marché supérieurs à un niveau préétabli, ce qui n’est pas anticipé pour 2026.

Impact pour les entreprises

  • Fin du prix de référence ARENH à 42 €/MWh : les offres 2026 reflèteront davantage la volatilité et la structure des marchés de gros.
  • Écart beaucoup plus marqué entre profils : les consommations hivernales et peu flexibles deviendront plus coûteuses.
  • Les offres des fournisseurs seront plus hétérogènes, avec un poids accru des clauses de profilage et d’ajustement.

Ce que les entreprises doivent anticiper :

  • Revoir la stratégie d’achat : combinaison prix fixe / indexé, tarifs spot, opportunité de PPA…
  • Intégrer dans les budgets 2026–2027 un coût potentiel supérieur à celui obtenu dans les années « ARENH favorables ».
  • Mettre en place des outils de pilotage : flexibilité, effacement, maîtrise des puissances, optimisation des usages…

2. CEE : entrée en vigueur de la Sixième Période (2026–2030)

La Période 6 des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) est officiellement adoptée. Elle court du 1ᵉʳ janvier 2026 au 31 décembre 2030 avec des obligations renforcées. Les volumes d’obligations cumulées augmentent significativement par rapport à la période précédente, ce qui accroîtra mécaniquement la pression financière sur les obligés et donc la contribution CEE payée indirectement par tous les consommateurs.

Impact pour les entreprises :

  • Hausse attendue de la composante CEE dans les prix de l’électricité, du gaz et des carburants.
  • Opportunités financières plus importantes pour subventionner des projets de performance énergétique, mais avec des contrôles renforcés.

Ce que les entreprises doivent anticiper :

  • Revoir les budgets 2026–2030 en intégrant un coût CEE plus élevé (estimer le coût CEE de ses factures d’énergie)
  • Lancer dès 2025–2026 des projets éligibles : récupération de chaleur, régulation CVC, rénovation d’éclairage, motorisations, performance process.
  • Structurer un portefeuille pluriannuel de projets pour capter la valeur CEE avant 2030

3. Décret Tertiaire : échéances réglementaires obligatoires en 2026

Le dispositif Éco Énergie Tertiaire est pleinement opérationnel et aucune modification ne remet en cause ses échéances. Le 30 septembre 2026 constitue une date clé : c’est la limite pour déposer un dossier de modulation des objectifs (technique, économique ou patrimoniale).

Impact pour les entreprises :

  • Les exploitants de bâtiments tertiaires > 1 000 m² devront prouver la crédibilité de leur trajectoire de réduction (-40 % en 2030).
  • Sans modulation déposée en 2026, l’objectif réglementaire s’applique en intégralité, y compris pour les bâtiments dont les contraintes rendent les objectifs difficiles à atteindre.

Ce que les entreprises doivent anticiper :

  • Finaliser la consolidation des données 2024–2025 sur OPERAT.
  • Définir et valider l’année de référence.
  • Réaliser des audits / schémas directeurs pour objectiver une demande de modulation si nécessaire.
  • Planifier des investissements opérationnels à partir de 2026 : GTB, CVC, enveloppe, réduction des consommations.

4. Audits énergétiques renforcés (DDADUE & directive européenne efficacité énergétique)

La réforme européenne de l’efficacité énergétique est transposée et ses seuils sont certains. À partir du 11 octobre 2026, les entreprises dépassant 10 TJ/an (~2,75 GWh/an) de consommation d’énergie finale doivent réaliser un audit énergétique complet tous les 4 ans.

Au-delà de 85 TJ/an (~23,6 GWh), l’entreprise doit en plus déployer un système de management de l’énergie (SME) certifié, de type ISO 50001.

Impact pour les entreprises :

  • Obligation récurrente et structurante, beaucoup plus large que les anciens critères par taille d’entreprise.
  • Charge de travail nouvelle pour les sites multi-énergies (électricité, chaleur, gaz, carburants, vapeur).

Ce que les entreprises doivent anticiper :

  • Cartographier les consommations par site et par entité juridique avant mi-2026.
  • Programmer les audits 2026–2027.
  • Évaluer l’intérêt d’un SMÉ pour les très gros consommateurs.
  • Prévoir les budgets associés (audit, SMÉ, actions d’amélioration), partiellement finançables via CEE.

5. EU ETS : obligations accrues pour le maritime et suppression des quotas gratuits aviation

Deux obligations certaines entreront pleinement en vigueur en 2026 dans le système européen d’échange de quotas carbone (EU ETS) :

  • Maritime : les armateurs devront restituer 70 % des émissions de 2025 (avant 100 % en 2027).
  • Aviation : disparition totale des quotas gratuits, remplacés par une intégration pleine dans le système ETS.

Impact pour les entreprises :

  • Hausse certaine des coûts de transport aérien et maritime, qui sera répercutée sur les prix logistiques.
  • Sensibilité accrue des chaînes d’approvisionnement au prix du carbone européen.
  • Renforcement de l’avantage compétitif des filières bas carbone et optimisations logistiques.

Ce que les entreprises doivent anticiper :

  • Renégocier les contrats de transport en intégrant explicitement le coût carbone.
  • Revoir les arbitrages d’approvisionnement : recyclé vs vierge, proximité géographique, modalités d’import/export.
  • Intégrer le signal carbone transport dans les analyses de coût complet.

6. CBAM : passage en phase définitive au 1ᵉʳ janvier 2026

Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF ou CBAM) entre en application le 1er janvier 2026. Cette taxe carbone impose aux importateurs des produits concernés de déclarer les émissions de CO₂ liées à leurs marchandises et à acquérir des certificats CBAM destinés à couvrir le contenu carbone réel de ces importations (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité, hydrogène).

Ce mécanisme répond à l’enjeu de « fuite carbone », c’est-à-dire la délocalisation de productions vers des pays où les exigences climatiques sont moins strictes. Intégré au Green Deal européen, le MACF a pour objectif d’assurer des conditions de concurrence équitables entre les producteurs européens soumis à des normes environnementales rigoureuses et leurs concurrents extra-communautaires qui, jusqu’ici, n’étaient pas exposés aux mêmes contraintes.

Impact pour les entreprises ;

  • Surcoût certain pour les importateurs de matériaux CBAM.
  • Répercussion inévitable sur les prix des matériaux de base en Europe.
  • Nécessité de disposer de données carbone certifiées pour chaque flux importé.

Ce que les entreprises doivent anticiper :

  • Vérifier l’enregistrement comme « déclarant CBAM autorisé ».
  • Demander à tous les fournisseurs extracommunautaires les données d’empreinte carbone.
  • Repenser les stratégies d’achat industriel : filières européennes vs importations, choix des alliages ou produits bas carbone.

Conclusion : 2026, une année de transition structurelle

L’année 2026 ne sera pas marquée par une réforme isolée, mais par une combinaison de changements systémiques, tous déjà actés : fin d’un cadre historique (ARENH), montée en puissance de l’efficacité énergétique, durcissement du carbone, ouverture de la Période 6 des CEE et obligations européennes renforcées.

Les entreprises doivent dès maintenant :

  • Repenser leur stratégie d’achat d’énergie, en intégrant des signaux de marché plus volatils.
  • Budgéter des obligations nouvelles (CEE plus coûteux, audits, potentiels travaux tertiaires).
  • Mesurer l’impact carbone indirect, et revoir leur chaîne logistique.
  • Structurer leurs feuilles de route énergétiques autour d’investissements d’efficacité et de flexibilité.

OMNEGY conseille les entreprises sur leur stratégie d’achat d’énergie. Demandez à être recontacté par un consultant énergie pour bénéficier des opportunités de marché et maîtriser vos risques d’achat.

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