Le prix de l’électricité est aujourd’hui au cœur du débat public en France. Sa nette diminution ces derniers mois amène une accalmie bienvenue pour les ménages ou bien encore les entreprise. Comment expliquer une telle diminution des prix et cette tendance peut-elle être durable ? De plus, est-elle justifiée par une baisse du coût réel de production de l’électricité en France ? Réponse avec les experts d’OMNEGY.

Que paie-t-on sur sa facture d’électricité en France ?

L’objectif de cet article est de mettre en perspective l’augmentation du prix du kilowattheure (kWh) pour les consommateurs finaux et l’évolution coût réel de production de l’électricité. Au préalable, il est essentiel de bien comprendre les différents éléments qui composent une facture d’électricité.

Le montant d’une facture d’électricité varie principalement en fonction du fournisseur et de l’offre choisis

Le prix de l’électricité payé par le consommateur varie en fonction du fournisseur d’électricité qu’il a choisi, de l’offre de fourniture à laquelle il a souscrit et du moment de souscription. Depuis l’ouverture du marché à la concurrence, les particuliers et les professionnels peuvent en effet choisir de se fournir en électricité auprès d’EDF – le fournisseur historique, également producteur d’électricité – ou de fournisseurs alternatifs).

Comment se décompose le coût de l’électricité ?

Quels que soient le fournisseur et l’offre retenus, le prix de l’électricité payé par les entreprises et les particuliers est composé de quatre éléments. Les deux premiers varient en fonction du fournisseur et de l’offre retenus. Il s’agit :  :

  • du prix de l’abonnement du fournisseur d’électricité. Cette somme permet généralement au fournisseur de couvrir les coûts administratifs de gestion du contrat (service client, facturation…)
  • du prix de la fourniture d’électricité, qui reflète le prix auquel votre fournisseur d’énergie se procure de l’électricité via l’Accès réglementé à l’électricité nucléaire historique (ARENH), bientôt remplacé par le Versement Nucléaire Universel (VNU) et sur le marché de gros (également appelé marché à terme ou SPOT selon la maturité). Il peut également choisir de s’approvisionner directement auprès des producteurs d’énergies renouvelables afin de proposer de l’énergie verte.

Les deux autres composants d’une facture d’électricité sont identiques peu importe le fournisseur et l’offre choisis car réglementés ou légaux :

  • le tarif d’acheminement, payé au travers du TURPE, le Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Electricité ;
  • les diverses taxes et contributions sur l’énergie comme la Contribution au Service Public de l’Electricité (CSPE) ou encore la TVA.

L’augmentation du montant des factures d’électricité ces derniers mois est liée à une augmentation du poids de la fourniture d’électricité. Pour en comprendre les causes, il faut donc s’intéresser au coût de production de l’électricité.

Quelles sont les sources de production d’électricité en France ?

Historiquement, la France est l’un des pays produisant le plus d’électricité par habitant au monde.

Son mix électrique repose principalement sur l’énergie nucléaire. Elle a permis la production de près de 70% de l’électricité consommée en France en sur le 1er semestre 2025 (RTE, éCO2mix – La production d’électricité par filière). Les énergies renouvelables comme l’énergie hydraulique, l’énergie solaire ou encore l’énergie éolienne occupent une place de moindre importance dans le bouquet électrique français.

Capacité nette de production d’électricité en France en 2024

Pour connaître le vrai coût de la production d’électricité en France, il est donc essentiel de s’intéresser avant toute chose au coût de production de l’électricité nucléaire.

Quel est le coût réel de production de l’électricité nucléaire en France ?

Le parc de production d’électricité français est exploité à 90% par EDF. TOTAL Energies et ENGIE sont également des producteurs significatifs d’électricité. Pour déterminer le coût réel de production de l’électricité, les experts d’OMNEGY ont donc analysé les données financières du principal producteur d’électricité français.

Comment calculer le coût réel de production de l’électricité 

Notre objectif est double :

  • réaliser une estimation du vrai coût de production de l’électricité en France ;
  • déterminer si l’augmentation du prix du kWh est directement corrélée à une hausse du coût de production de l’électricité.

Face à l’absence de données publiques plus précises, notre estimation repose sur les données financières publiées chaque semestre par EDF. Nous avons effectué le calcul simplificateur suivant

Coût de production moyen = (chiffre d’affaires de l’activité de production et de fourniture d’EDF en France – EBIDTA) / (Volume de production + achats nets)

Avant de faire état des conclusions de notre analyse, nous soulignons que le périmètre de cette estimation est restreint à l’électricité produite par EDF. Elle ne tient donc pas compte :

  • de l’électricité produite par les centrales hydrauliques et à gaz détenues par Engie et TOTAL Energies ;
  • de l’électricité produite par les producteurs d’électricité renouvelable ;
  • de l’électricité générée par des centrales thermiques. 

Notre ambition est d’obtenir un ordre de grandeur du coût de production de l’électricité en France. Notre calcul ne permet pas d’obtenir de données extrêmement précises.

Capacité nette de production d’électricité en France en 2024

Une diminution du coût de l’électricité essentiellement justifiée par une disponibilité en hausse du parc nucléaire français, en comparaison de l’année noire de 2022

On constate qu’entre 2013 et 2019, le coût variable d’EDF évolue de façon linéaire avec une grande stabilité et une maîtrise des coûts, aux alentours de 42 €/MWh, étant le prix de référence du mécanisme de l’ARENH.

C’est au milieu de l’année 2021 puis en 2022, alors que la crise énergétique entraînée par la guerre en Ukraine est à son apogée, que les coûts explosent et que la situation se tend :

  • l’indisponibilité de nombreux réacteurs nucléaires en raison de maintenances ou de détection d’anomalies. Ces aléas ont entraîné des arrêts inopinés de certaines centrales, comme le rappelle le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires dans l’édition 2022 des Chiffres clés de l’énergie. La disponibilité des installations nucléaires a ainsi été historiquement faible en 2022 : 54%, contre 72% en moyenne entre 2015 et 2019. La production nucléaire française a alors été la plus faible depuis 1988 (RTE, Bilan électrique 2022).
  • une production hydraulique au plus bas niveau depuis 1976. En cause, des conditions climatiques exceptionnelles et une forte sécheresse. On note en 2022 un recul de 20% de la production d’électricité hydraulique par rapport à la moyenne 2014 – 2019 (RTE, Bilan électrique 2022) ;
  • cela a entraîné une utilisation des centrales à gaz, ainsi que des importations en forte hausse en 2022 dans un contexte marqué par une augmentation sans précédent du prix du gaz naturel et des combustibles fossiles (et donc du prix de l’électricité sur les marchés de gros européens).

Par voie de conséquence, la France devient, en 2022, importatrice nette d’électricité pour la première fois depuis 1980.

Face à cette indisponibilité du parc nucléaire et des barragesEDF a été contraint d’importer de l’électricité achetée sur le marché de gros européen pour répondre à la demande en électricité française. C’est un événement inédit depuis 1980.

La cause de l’augmentation vertigineuse du prix de l’électricité n’est pas le coût de production de l’électricité nucléaire en tant que tel. Elle est directement imputable à la nécessité rencontrée par EDF d’acheter de l’électricité sur le marché de gros européen dans ces circonstances hors du commun afin de pouvoir assurer l’équilibre sur le réseau et de faire en sorte que la France dispose de suffisamment d’électricité pour éviter un black-out.

La situation a depuis évolué de manière bien plus favorable, pour EDF mais également le système électrique français. La disponibilité nucléaire en France, qui était en moyenne de 35 GW en 2022, est progressivement remontée, à 40 GW en 2023, puis 46 GW en 2024 et enfin à 49 GW au 1er semestre 2025. D’ailleurs, la France a réalisé un record absolu d’exportation d’électricité en 2024, avec 89 TWh nets exportés dans les pays voisins et le 1er semestre 2025 s’est avéré être le 2ème meilleur semestre en terme de volumes exportés, après celui de 2024. La performance financière d’EDF a également repris des couleurs, puisque l’entreprise à réalisé un EBITDA de 15,5 milliards d’€ au S1 2025, pour un résultat net à 5,5 milliards d’€. Grâce à cette reprise de confiance du marché concernant le nucléaire français, les prix de l’électricité ont chuté de façon vertigineuse sur le marché hexagonal, permettant ainsi à EDF de retrouver de la stabilité sur ses coûts variables de production, en excluant des achats à tout prix sur le marché de gros européen.

Ainsi, depuis 2024, les coûts variables de production d’EDF sont plus proches des 60 €/MWh, en ligne avec les prix moyens du Day-Ahead sur la Bourse EPEX SPOT. La corrélation entre les coûts variables de la firme et la moyenne du SPOT est édifiante et pourrait indiquer que le marché propose désormais un prix fortement lié aux performances d’EDF sur sa production électrique d’origine nucléaire et la maîtrise de ses coûts variables.

Quelles perspectives d’évolution pour le coût de production de l’électricité ? 

Face à ces constats, plusieurs questions se posent immédiatement. A quelle évolution du prix de production de l’électricité faut-il s’attendre ? La hausse des tarifs d’électricité va-t-elle se poursuivre pour les professionnels et les particuliers ?

Une plus grande disponibilité des moyens de production d’électricité

Il est impossible de prédire cette évolution avec certitude. L’évolution du coût réel de production de l’électricité dépendra bien sûr de l’évolution de la disponibilité du parc nucléaire français, des barrages, mais aussi du succès des efforts de sobriété énergétique aujourd’hui impulsés par le gouvernement français.

Concernant la disponibilité et la production nucléaire, EDF a constamment relevé ses cibles de production depuis 2022, pour atteindre entre 350 et 370 TWh en 2025, mais également en 2026 et 2027. Si la firme parvient à atteindre ces cibles, il est fort probable que le coût de l’électricité en France restera maîtrisé sur ces échéances. Les ambitions politiques portent également sur un retour à une production de l’ordre de 400 TWh par an pour le groupe d’ici à 2030.

Production historique et prévisionnelle du nucléaire français et consommation française d’électricité

Du côté de la consommation électrique, celle-ci est restée historiquement faible en France sur le 1er semestre 2025, tout comme en 2024, avec une demande moyenne à 51 GW sur la période, très proche du niveau moyen de disponibilité nucléaire (49 GW), expliquant aussi pourquoi la France parvient à exporter tellement d’électricité en ce moment. L’Agence Internationale de l’Energie a revu les perspectives de consommation d’électricité en Europe à la baisse pour 2025 et également 2026, ce qui semblez exclure tout rebond structurel de la demande pour les prochains mois.

Dans ces conditions, les prix de marché devraient demeurer raisonnable, bien que plus élevés par rapport à la période d’avant crise de l’énergie. La CRE offre également quelques éléments de visibilité, après avoir réalisé son propre calcul du coût complet du parc nucléaire, sur la période 2026 – 2040. Evidemment, des évènements imprévisibles, comme une pandémie, un conflit majeur entre puissances énergétiques ou bien des incidents techniques majeurs (corrosion sous contrainte) peuvent à nouveau propulser les prix de marché vers des sommets indésirables pour les consommateurs.

Pour aller plus loin : En 2021, RTE a publié l’étude prospective Futurs énergétiques 2050, en prenant comme base la Stratégie Nationale Bas-carbone du gouvernement français. Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité y détaille le coût global du système électrique d’ici 2060 en fonction de 6 scénarios de décarbonation de l’électricité en France.

Ces scénarios reflètent différentes évolutions possibles du bouquet électrique français allant d’une production d’électricité toujours principalement fondée sur l’énergie nucléaire à une production d’électricité intégralement d’origine renouvelable.

Changer de fournisseur d’électricité pour réduire votre facture d’électricité  

Loin d’être sans conséquence, la hausse des prix de l’électricité accroît considérablement le taux d’effort énergétique des particuliers et des entreprises.

Pour faire baisser le montant de votre facture, pensez à comparer la grille tarifaire des différents fournisseurs d’électricité. Tous ne pratiquent pas le même prix au kilowattheure ! Les fournisseurs alternatifs proposent généralement des tarifs plus intéressants que les fournisseurs historiques. Leurs offres sont également différentes de celles des fournisseurs historiques et comportent bien souvent plus de flexibilités, avec un service performant.

Recevez chaque semaine notre newsletter énergies

Partager cet article