Elections législatives 2024 : alors que les Français sont appelés au second tour le 07 juillet 2024, OMNEGY décrypte les ambitions énergétiques des 3 principaux partis de cette élection : le Nouveau Front Populaire, Renaissance et le Rassemblement National. 

1) Programme énergie du Nouveau Front Populaire

Le Nouveau Front Populaire a été le premier à présenter son programme. Résumé et analyse des points clés portant sur l’énergie

  • L’alliance politique souhaite favoriser les énergies renouvelables ainsi que leur production en Europe et en France, sans pour autant apporter de détails sur les moyens requis pour atteindre cet objectif. Si l’ambition est louable, il n’y a, à fin juin 2024, pas d’information précise quant à sa faisabilité.
  • Le Nouveau Front Populaire ne fait pas mention du nucléaire, car il n’y a pas, à date, d’accord sur le sujet au sein de la coalition. Le nucléaire est pourtant un élément essentiel du marché français de l’énergie.
  • Le blocage des prix sur l’énergie relève, quant à lui, de la démagogie pure car il n’est nulle part indiqué par quoi cela sera compensé : soit par le contribuable soit… par une pénurie qui sera à organiser.
  • Concernant l’hydraulique et la volonté de ne pas privatiser : le régime de concessions actuel des barrages (avec EDF ou non comme concessionnaire) permet justement de maintenir les actifs dans le giron de l’État. A noter que le dernier projet de cession des barrages au concessionnaire, bien qu’étant à capitaux publics, est de facto une privatisation.

2) Programme énergie du Rassemblement National

En amont de la publication de son programme officiel le 24 juin 2024, le RN montrait lors de ses interventions médiatiques, des ambitions sur l’énergie inapplicables et inadaptées. Le parti a depuis revu certaines de ses positions. Résumé et analyse des points clés portant sur l’énergie : 

  • Le discours initial du RN portait sur une sortie du marché européen et sur un abaissement des taxes sur les produits énergétiques de 20 % à 5,5 % (ce qui priverait l’état d’environ 17 milliards d’euros de recettes). Ces mesures, qui nécessitent des dérogations au droit communautaire, sont inapplicables.
  • Lors de son audition devant le MEDEF du 20 juin 2024, Jordan Bardella est revenu sur la volonté du RN de sortir du marché européen et a prôné, à la place, une dérogation “à l’Ibérique”. Cette mesure d’urgence, qui avait été accordée à l’Espagne et au Portugal lors de la crise énergétique de 2022, reposait sur un découplage du marché de l’électricité et de celui du gaz, ce qui avait permis à l’Espagne de faire baisser sa facture énergie de 15 % à 20 %.
  • La volonté de décorréler le marché français du reste du continent n’est pas plus applicable compte tenu de notre forte interconnexion avec nos voisins. Et n’est pas non plus souhaitable, puisque les prix de l’électricité sur les marchés de gros sont déjà en dessous des coûts de production issue des centrales à gaz. Sans oublier que la France exporte des records d’électricité à bon prix : du fait d’échanges moins bien optimisés, notre balance commerciale ne s’en trouverait que détériorée.
  • Le RN souhaite la mise en service de 20 réacteurs supplémentaires, qui arriveront dans 20 ans au mieux. Cette mesure est inadaptée : il n’y a aucune certitude qu’il y ait suffisamment de consommation pour justifier un tel investissement… De plus, retirer des éoliennes qui fonctionnent et contribuent déjà à l’approvisionnement électrique, est anti-économique et ce, d’autant plus lorsqu’elles arrivent en fin de vie, au moment où l’investissement est amorti.

3) Programme énergie de Renaissance

Renaissance présente un programme énergétique sans cohérence, ni vision claire. Cela ressemble plus à un bilan qu’à un programme. Le parti profite des bonnes nouvelles conjoncturelles, comme la baisse des prix, pour les mettre à son crédit. 

Elections législatives de 2024 : que retenir des annonces énergie des 3 principaux partis ?

A l’heure actuelle, les propositions des trois parties en lice semblent déconnectées de la réalité du marché et des besoins nécessaires à la compétitivité et à la transition.

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